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RESSOURCES
La collecte sélective (séquences 1 et 2)
Origine, historique
Pendant longtemps, les hommes ont confié à la nature le
soin de dégrader leurs déchets : ils nourrissaient leurs
animaux, fertilisaient leurs plantations et enfouissaient ou brûlaient
le reste. Dans les villes, une partie des ordures étaient ainsi
entassées sur la voie publique. Mais au cours du 19ème siècle,
avec le développement de déchets difficilement biodégradables
lié à l’apparition des produits de synthèse,
l’hygiène publique devient une véritable préoccupation.
Le 24 juillet 1883, le Préfet de la ville de Paris, Eugène
Poubelle oblige les propriétaires parisiens à
mettre à la disposition de leurs locataires des récipients
munis d’un couvercle afin qu’ils puissent y déposer
leurs déchets. La poubelle naît…
Cependant, la réglementation relative au ramassage des ordures
ne se développe véritablement qu’à partir des
années 70. La loi du 15 juillet 1975 impose aux communes ou groupement
de communes d’assurer la collecte et le traitement des déchets
des ménages dans des installations ayant reçu un agrément
préfectoral. La collecte des ordures ménagères devient
ainsi obligatoire. Mais, c’est véritablement la loi du 13
juillet 1992, qui, par ses objectifs à la fois économique
et écologique, contraint les communes à mettre en place
la « collecte sélective ». Elle fixe le cadre de la
politique française en matière de déchets en retenant
comme objectifs prioritaires :
- de prévenir ou réduire la production et la nocivité
des déchets ;
- d’organiser le transport des déchets et de le limiter en
distance et en volume ;
- de valoriser les déchets par réemploi, recyclage ou tout
autre action visant à obtenir à partir des déchets
des matériaux réutilisables ou de l’énergie
;
- de n’admettre, à compter du 1er juillet 2002, dans les
installations d’élimination par stockage, que des déchets
ultimes, en d’autres termes d’interdire la mise en décharge
de déchets bruts.
Parallèlement, une loi datant d’avril 1992 oblige les professionnels
qui conditionnent des produits à destination des ménages
à se préoccuper de l’élimination des emballages
ménagers après usage. Trois solutions sont proposées
:
- organiser un système de consigne ;
- initier eux-mêmes un système d’élimination
de leurs déchets d’emballage. Citons pour exemple l’organisme
Cyclamed qui récupère les médicaments périmés
et leurs emballages ;
- contribuer financièrement à un organisme agréé
par les pouvoirs publics pour aider les communes à créer
ou à développer des systèmes de collecte sélective,
de tri et de traitement des déchets ménagers.
Les deux organismes agréés pour recevoir les contributions
financières des industriels sont Adelphes pour les vins, spiritueux
et boissons et Eco-emballages pour les autres produits de consommation.
Ensemble, ils ont créé un logo, le « point vert »
; il atteste qu’une cotisation a été versée
par la société productrice.
Les différentes méthodes de collecte sélective
employées en France
Comme le prescrit la loi du 15 juillet 1975, les collectes sélectives
relèvent de la responsabilité des communes. Le tri sélectif
à opérer par le citoyen dépend donc des catégories
de déchets à regrouper définies par la commune du
lieu dans lequel il se trouve. Ainsi, on comprend pourquoi le tri que
j’effectue quotidiennement n’est pas sensiblement identique
à celui de mes amis résidant dans une commune voisine de
la mienne ou bien, à celui que je dois effectuer en vacances loin
de ma résidence principale.
En France, les collectes en « porte à porte » sont
variées. Elles peuvent être « multimatériaux
en mélange » ou « multimatériaux séparatives
» ou bien encore s’inspirer des deux !
La collecte « multimatériaux en mélange » définit
deux catégories de déchets à trier : les déchets
recyclables et les autres. Elle est peu contraignante pour le citoyen,
qui doit cependant être en mesure de reconnaître le caractère
recyclable d’un déchet. Certains sigles notés sur
les emballages l’aideront dans cette reconnaissance.
La collecte « multimatériaux séparative » définit
des catégories de déchets spécifiques comme le verre,
le papier, les plastiques, les métaux,… et les autres déchets.
Elle demande un effort poussé du citoyen, qui doit s’organiser
pour trier ses déchets en distinguant leurs matériaux respectifs.
Remarque
Un déchet est recyclable s’il peut être réintroduit
dans le cycle de production dont il est issu en remplacement total
ou partiel d’une matière première vierge.
Le choix d’une méthode de collecte sélective
par une commune
Le choix par une commune d’une méthode de collecte sélective
est complexe. Il dépend de contraintes liées généralement
aux types d’habitat, aux types de déchets produits et au
coût engendré par les collectes à mettre en place.
À Paris, par exemple, l’espace réservé aux
ordures dans les immeubles n’est dans la plupart des cas pas suffisamment
vaste pour permettre la multiplication de bacs distincts. De plus, l’organisation
de multiples collectes spécifiques régulières s’avèrerait
complexe et coûteuse. La municipalité a donc adopté
et mis en place fin 2002, un mode de collecte basé sur trois catégories
de déchets :
le verre, les déchets recyclables tout type confondu (métaux,
papiers, journaux/magazines, plastiques,…) et les autres déchets.
En banlieue d’agglomération importante, il n’est pas
rare de voir - en sus d’une collecte sélective « classique
» - une collecte hebdomadaire de déchets de jardinage, étant
donnée leur production massive.
Pour les petites communes rurales, le coût d’une collecte
(sélective ou non) peut s’avérer trop élevé
du fait de la faible quantité d’ordures ménagères
produites. Le choix d’une collecte en porte à porte est abandonné
au profit d’une collecte volontaire (sélective ou non). Quelle
que soit la méthode de collecte adoptée, la commune édite
des documents d’information pour aider ses habitants à réaliser
le tri de leurs déchets avec le maximum d’efficacité.
Notons
qu’un second tri est nécessairement effectué dans
des centres de tri avant le traitement respectif des déchets.
Matière, matériau et matériaux : définitions
Qu’il soit effectué approximativement par le citoyen producteur
de déchets ou précisément par un centre, le tri sélectif
vise à regrouper les matériaux en vue de leur valorisation
ou d’un traitement spécifique. Il est donc étroitement
lié à la notion de matériau. Les notions de «
matière », « matériau » et « matériaux
» sont abstraites et ainsi difficiles à aborder avec les
enfants. Leur distinction est subtile et bien heureux celui qui réussira
à employer les trois
termes à bon escient !
Les définitions académiques qui suivent ne sont données
qu’à titre indicatif (et dans le cadre de l’objet des
séquences proposées) pour permettre à l’enseignant
d’en mesurer la complexité et de prendre du recul vis-à-vis
de la vulgarisation qu’il pourra en faire avec ses élèves.
Elles laissent cependant apparaître une différence notoire
qui associe à « matériau », au singulier, l’idée
de fabrication et plus spécifiquement à « matériaux
», au pluriel, celle de la construction.
- Matière : Substance particulière dont est faite une chose
et reconnaissable par ses propriétés.
- Matériau : Matière servant à la fabrication.
- Matériaux : Les diverses matières nécessaires à
la construction (d’un bâtiment, d’un ouvrage, d’un
navire, d’une machine).
L’efficacité d’un tri sélectif repose sur la
connaissance des matériaux. Apprendre aux enfants à distinguer
ces derniers permettra le développement d’une rigueur dans
le tri, ce qui - à long terme - devrait limiter le rôle des
centres de tri des déchets et donc leur coût. Aussi, il paraît
important de pousser l’objectif pédagogique au tri sélectif
des matériaux plutôt qu’au simple tri de nos déchets.
On abordera alors le problème posé par l’emploi de
plusieurs matériaux dans un même emballage, par exemple le
cas du bocal en verre au couvercle métallique, et on discutera
de l’attitude à adopter. La limite du tri des matériaux
pourra être évoquée notamment avec l’exemple
des étiquettes - matière « papier » - collées
sur des emballages - matière « plastique » ou «
verre ».
Remarque
La collecte sélective ne concerne de nos jours qu’une part
réduite de nos ordures ménagères. En 2001, plus de
99 % de la population bénéficiait d’un service de
collecte
des ordures ménagères, seuls 2/3 d’une collecte sélective
en porte à porte.
Quelques données sur nos poubelles…
En France, les déchets des activités domestiques des ménages
représentent environ 22 millions de tonnes par an,
- soit une moyenne d’un peu plus de 365 kg de déchets par
habitant…
- soit un peu plus de 1 kg par jour et par personne…
Ajoutons 5 millions de tonnes de déchets non ménagers collectés
dans les mêmes conditions provenant des artisans, commerçants,
bureaux… On parvient à une production totale de 27 millions
de tonnes par an…, qui est en augmentation régulière
(environ 2 % par an) dans le monde entier du fait de l’accroissement
de la population et de l’évolution des modes de vie (développement
des emballages, obsolescence des produits,…).
Remarque
Un déchet est dangereux si, mélangé aux ordures ménagères,
il représente une menace pour les personnes en charge de la collecte
ou pour l’environnement. Il peut être explosif (gaz), corrosif
(acides contenus dans les piles et batteries), toxique (solvant, décapant,
peintures), irritant (résines), facilement inflammables (alcool,
carburant) et/ou nuisant pour l’environnement (huiles de vidange,
détergents, etc.).
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